Les professionnels des voyages scolaires éducatifs alertent les gouvernements français et britannique sur les conséquences du Brexit

Communiqué de presse publié le 20/04/2021

Alors même que les voyages scolaires éducatifs sont à l’arrêt total depuis maintenant plus d’un an, l’ensemble des professionnels (EDV, UNOSEL, RESOCOLO, OFFICE, CDMV) se sont regroupés pour tirer à nouveau la sonnette d’alarme.

Une fois la crise sanitaire passée, les professionnels des voyages scolaires éducatifs vont en effet devoir faire face à un nouveau coup dur qui va impacter de manière très importante tout l’écosystème des voyages scolaires. Destination n°1 des voyages scolaires pour les français, et nombre de pays européens, le Royaume-Uni, suite au Brexit, revoit ses conditions d’entrée sur le territoire à compter du 1er octobre 2021. Ces modifications annoncées auront des conséquences dramatiques pour les élèves, les enseignants et les professionnels du secteur.  

 

Ce qui va changer au 1er octobre 2021 pour les voyages scolaires au Royaume-Uni

  • La carte nationale d’identité ne sera plus acceptée pour voyager : les français, comme tous les autres ressortissants de l’Union Européenne, devront obligatoirement être munis d’un passeport.
  • Le document de voyage collectif, qui facilite la participation aux voyages scolaires des élèves mineurs de nationalité hors UE, ne sera plus accepté par le Royaume-Uni.

Cette « Liste d’écoliers voyageant dans le cadre d’une excursion scolaire à l’intérieur de l’Union européenne » ou « list of travellers » est jusqu’à présent délivrée par les préfectures afin de tenir lieu de visa d’entrée au Royaume-Uni pour les mineurs ressortissants d’un Etat tiers à l’Union européenne ou à l’espace Schengen, résidant habituellement en France et participant à une sortie dans le cadre scolaire.

Baisse drastique de la mobilité et de l’apprentissage linguistique annoncée

Les professionnels ont fait le compte :  la nouvelle obligation de présenter un passeport va augmenter le budget du voyage de 10% à 20% en moyenne, en fonction de l’âge des élèves. Une somme conséquente pour les familles des jeunes voyageurs dont le budget est généralement restreint.  

La fin du document de voyage collectif (list of travellers), très fréquemment utilisé par les collèges et lycées dans le cadre des voyages scolaires, risque d’empêcher certains élèves de voyager avec leur classe. En effet, les élèves mineurs ressortissants d’un Etat tiers à l’UE seront désormais contraints de demander un visa au consulat britannique, dont le coût et les démarches représentent un réel obstacle, notamment pour des familles déjà elles-mêmes immigrées ou réfugiées en France. La fin du document de voyage collectif remet donc en cause l’égalité des chances au niveau individuel, mais a également des répercussions sur tout le groupe car, les classes voyagent nécessairement avec tous les élèves qui la constituent, ou bien ne voyagent pas.

En conséquence, les établissements scolaires et les familles des élèves voyageurs ont déjà signifié leur baisse d’intérêt pour la destination Royaume-Uni si les nouvelles règles entraient en application.

Ce sont 550 000 jeunes qui partent au Royaume-Uni depuis la France chaque année, or nous estimons que la diminution du nombre de voyages scolaires à destination du Royaume Uni en 2022 pourrait aller jusqu’à 50% après la prise d’effet des nouvelles modalités d’accès au pays.

Côté britannique l’impact financier serait aussi très conséquent avec une perte estimée à £ 100,000,000.

Rappelons que le voyage scolaire à l’étranger est souvent la première occasion pour un jeune de partir à l’étranger, parfois même la seule de sa vie. A ce titre, les voyages scolaires ont une vocation sociale de premier ordre. Les conséquences attendues en termes de mobilité et d’apprentissage de la langue anglaise sont alarmantes, alors même que le dispositif Erasmus a lui aussi été abandonné par le Royaume-Uni.

Les recommandations des professionnels

Déjà très lourdement impactés par la crise sanitaire, l’ensemble des opérateurs du secteur éducatif en France, en Europe et en Grande Bretagne (voyagistes, transporteurs, musées, restaurateurs, hébergeurs…) se retrouve totalement tributaire des décisions du gouvernement britannique. Une perte annoncée d’au moins 35% de chiffre d’affaires total de ces structures du simple fait des modifications d’entrée sur le territoire britannique, aura des conséquences économiques désastreuses sur un secteur déjà extrêmement fragilisé.

L’ensemble des acteurs français du voyage scolaire et linguistique, sollicite donc l’intervention de l’Etat français auprès du gouvernement britannique, également directement sollicité, afin que celui-ci examine à nouveau la question des conditions d’accès au Royaume-Uni pour les jeunes voyageant dans le cadre d’un séjour éducatif.

Compte tenu de leur caractère très ponctuel, cadré et non « à risque », de leur déplacement, nous demandons, pour les voyages scolaires ou linguistiques de moins de 15 jours :

  • La suppression de la nécessité du passeport pour les ressortissants de l’Union Européenne, qui pourront donc continuer à voyager dans ce cadre avec leur carte d’identité
  • Le maintien de la « list of travellers » pour les voyages scolaires.

Des démarches similaires sont actuellement menées dans d’autres pays européens.

 

Cette action est portée par un très grand nombre d’organisateurs de voyages scolaires éducatifs français et soutenue par de nombreux partenaires.

   10 000 voyages scolaires et 50 000 jeunes en séjour linguistique.

    => 550 000 jeunes partent au Royaume-Uni depuis la France chaque année.

   50% des groupes scolaires comprennent des élèves ressortissants d’un Etat tiers à l’UE.

   Au moins 50% des échanges scolaires et linguistiques vers le Royaume-Uni sont menacés par le Brexit.

   1.000 entreprises, essentiellement des TPE/PME, et associations exercent en France dans le secteur des voyages pour enfants et adolescents : voyages scolaires, classes de découverte, colonies de vacances et séjours linguistiques. Elles font travailler 5.000 salariés en emplois directs en CDI et 100.000 saisonniers en CDD par an. Trois millions de jeunes voyagent et séjournent par le biais de ces organismes.